Anne-Sophie Tandy

Je me demande si vous avez déjà eu envie de dire à Dieu quelque chose comme ça :

Seigneur, je n’en peux plus. Où es-tu ? Si tu es bon, si tu es juste, si tu es plein de compassion, pourquoi tu me permets de vivre ça ?  Pourquoi ?  Est-ce que tu ne m’aimes pas ? Est-ce que tu es en colère contre moi ? Tu ne vois pas que je suis à bout ? Que mes ressources s’épuisent ?  

Toutes, aujourd’hui, on a une histoire avec la souffrance. Que ce soit notre propre souffrance ou la souffrance de personnes qu’on a accompagnées dans la souffrance. Ça va des échecs qu’il nous arrive toutes de vivre aux projets de vie avortés, à la maladie, au deuil, aux situations professionnelles pénibles, aux problèmes conjugaux ou familiaux. Et la souffrance, peut-être même que vous la traversez en ce moment. Que vous vivez une situation qui vous fait douter de la présence, de la puissance et de la bonté de Dieu. 

Qui vous fait peut-être vous sentir condamnées; comme si Dieu vous avait oubliée. Comme s’il avait retiré de vous sa faveur.

Parfois, notre souffrance est même si intense qu’il nous arrive de nous demander:

Si on faisait l’analyse coût-bénéfices – si on pesait le pour et le contre – est-ce que ça ne serait pas plus intelligent d’oublier Jésus, etde suivre son propre chemin ?

On a toutes une histoire avec la souffrance.     

Mais est-ce que c’est normal ?

On a déjà vu qu’au prix de la condamnation de son Fils, Dieu avait fait de nous ses filles. Qu’il nous considérait désormais comme parfaitement justes et que par son Esprit, il avait commencé à nous changer, et qu’il nous transformerait un jour. Alors s’il a déjà tant donné pour nous, si on est ses filles bien aimées, pourquoi nos vies sont-elles encore si difficiles ? Pourquoi le Dieu tout-puissant ne nous épargne-t-il pas la souffrance ? Est-ce que c’est qu’il ne le peut pas...ou qu’il ne le veut pas ?

Pour nous, aujourd’hui, Paul prend ces questions à bras le corps. Son but, c’est de nous aider à comprendre la présence de la souffrance dans nos vies. Et de nous équiper à la traverser. Sans tabou il va nous montrer que oui, la souffrance fait partie de la vie chrétienne. Mais que loin d’être le signe que Dieu ne nous aime pas ou qu’il n’est pas assez puissant pour nous aider, elle est au contraire le signe que quelque chose de merveilleux nous attend: un avenir glorieux avec Dieu.

Un avenir glorieux:

… qui vaut le coup

… qui vaut l’attente

… garanti même dans la faiblesse


1. Un avenir glorieux qui vaut le coup

 

– Docteur, est- ce que c’est bien normal d’avoir si mal ? 

– Oui, c’est normal; mais après ça vous serez complètement rétablie.

– Quel soulagement d’entendre ça !

Dans notre texte, Paul commence par nous rassurer. Être enfants de Dieu et souffrir est loin d’être anormal. Souffrir en tant qu’enfant de Dieu ne sera toujours qu’une étape vers quelque chose d’incomparable. V.17: “Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire.”.

On l’a vu: être en Christ, avoir son Esprit, c’est avoir le privilège immense de se savoir filles de Dieu. Et bien Paul précise ici qu’être filles, c’est aussi être héritières. Héritières de Dieu et cohéritières de Christ ! Cohéritières de sa gloire !

Pourtant, Paul ne le cache pas: avant l’étape “gloire”, il va y avoir de la souffrance.  Quel genre de souffrance ?

On ne va pas s’étendre sur la question ici car on en reparlera plus tard. Mais premièrement, les souffrances auxquelles tous les êtres humains sont confrontés: maladies, échecs, accidents et tout le reste. Mais dans ce verset, je pense que Paul a aussi en vue des souffrances spécifiquement liées au fait d’appartenir à Christ. Christ, c’est celui qui aujourd’hui est plein de gloire auprès de Dieu, mais qui, pendant sa vie dans ce monde pécheur a été moqué, stigmatisé, rejeté, mis à mort parce qu’il faisait la volonté de Dieu.

Il est notre frère. Nous sommes ses cohéritières. Pourquoi en serait-il autrement pour nous ? Pourquoi notre témoignage serait-il accueilli par ce monde pécheur avec acclamations et confettis, alors que celui de Jésus ne l’a pas été ?

Suivre Jésus, c’est aussi suivre le chemin qu’il a suivi. Un chemin de souffrance...qui aboutit à la gloire.

Et au v.18, Paul va faire une affirmation très audacieuse, une affirmation qui est soit la pire sottise qu’on ait entendue, soit une vérité époustouflante, qui donne un nouveau sens à notre souffrance:

V.18: “J’estime que les souffrances du moment présent ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire qui va être révélée pour nous”.

Quelle est votre réaction en lisant ça – le choc ? “Comment Paul peut-il oser dire une chose pareille ? Il n’a pas idée de ce que je traverse. Quel manque d’empathie. Quel mépris !” 

Qu’est-ce que Paul est en train de dire ici ? Est-ce qu’il est en train de minimiser nos épreuves ? De sous entendre qu’elles ne sont pas si dures que ça, et que si on serre un peu les dents, tout sera bientôt fini ? Au contraire. Pensez à l’épreuve la plus dure que vous ayez connue. Pensez à son intensité.

Paul a la conviction qu’aussi intense qu’elle ait été, la gloire qui va être révélée pour nous sera incomparablement plus intense.

Ce que Paul dit, c’est que si on avait une balance pour peser nos souffrances actuelles contre la gloire à venir, la gloire pèserait tellement plus lourd que ça casserait la balance ! 

V.18: “J’estime que les souffrances du moment présent ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire qui va être révélée pour nous”.

Et qu’est-ce qui lui fait dire ça ? Regardez le v.19: cette gloire, toute la création l’attend avec un “ardent désir” ! 

Ca n’aura échappé à personne – même à moi: on est entre les deux tours de l’élection présidentielle. Notre pays tout entier est dans l’attente de savoir QUI sera le prochain président: Emmanuel Macron ? Marine Le Pen ? Le futur président, c’est l’héritier du pouvoir, celui qui, d’une certaine manière, aura le destin de la France entre ses mains. La France conservera-t-elle la monnaie unique ? Sortira-t-elle de l’Europe ? Quels rapports entretiendra-t’ elle avec les États-Unis et la Russie ?  Les réponses données à ces questions dépendent de l’identité du futur président. Le 7 mai, l’identité de l’héritier du pouvoir sera révélée au monde entier.

Alors tout le pays attend.  Les caméras des journalistes du monde entier sont braquées sur la France.

Ça parait fou mais dans notre texte, Paul dit qu’il y a envers nous, les enfants de Dieu, une attente similaire, mais à une échelle encore plus grande. Dans les versets 19 à 22, il dit que la création – les montagnes, les animaux, les plantes – toute la création est dans l’attente. Dans l’attente impatiente...pas de la révélation de l’identité de notre futur président. Mais de ce qu’il appelle…la révélation des fils de Dieu.

On pourrait faire une petite expérience.  

Sortir sur les quais de Seine, observer les passants et essayer de deviner qui est chrétien. Sauf que ce serait impossible à faire. Les chrétiens ne sont pas différents d’apparence des autres. Ils ont les mêmes cernes, les mêmes rides que tout le monde, les mêmes soucis que tout le monde. Ils souffrent comme tout le monde. Pour l’instant. 

Mais un jour, Dieu va lever le rideau.

Ceux que Dieu a déjà marqués comme ses fils et ses filles en leur donnant son Esprit seront révélés au yeux du monde pour qui ils sont vraiment: ses enfants ! Ses héritiers ! Et ce jour là, le jour où Christ reviendra, ils recevront tous leurs privilèges. La victoire totale sur leur péché. La délivrance totale et finale sur la souffrance. La gloire. Ce jour là, ils recevront leur héritage. C’est ce jour que la création entière attend.

Mais pourquoi?
Verset 20: « En effet, la création a été soumise à l’inconsistance, non de son propre gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise. Toutefois, elle a l'espérance d'être elle aussi libérée de l'esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. »


L’attente de l’univers, elle est intéressée !


Au début du livre de la Genèse,  Dieu maudit la terre à cause de la rébellion humaine.

Genèse, chapitre 3. Dieu dit à Adam « Puisque tu as écouté ta femme et mangé du fruit au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: ‘Tu n'en mangeras pas’, le sol est maudit à cause de toi. C'est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. Il te produira des ronces et des chardons ». 


Cette terre que Dieu avait créée très bonne, est « soumise à l’inconsistance » comme le dit Paul le dit. Frustrée. Dieu ne lui a pas permis de remplir sa vocation initiale: être ce lieu très bon où les êtres humains vivraient en relation avec Dieu. Elle est devenue au contraire un lieu où il y a certes encore de bonnes et de très bonnes choses, mais aussi de la souffrance. Ça va du rhume qui nous plombe un peu le moral pendant quelques jours aux tremblements de terre, ouragans, épidémies, cancers. Tout est marqué par la futilité. Même quand on voit quelque chose comme un paysage magnifique, ce n’est que l’ombre de ce que ça aurait dû être. Dieu a maudit la terre à cause du péché de l’humanité.


Mais dans sa souffrance, la création a une espérance: “L’espérance d’être elle aussi libérée de l’esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu”.

Autrement dit l’espérance que quand Dieu nous libérera des effets de la malédiction, il l’en libérera aussi !

 
En ce moment, le conte favori de notre fille Lucie, 3 ans, c’est la Belle et la Bête. Si votre mémoire a besoin d’être rafraîchie, la Belle et la Bête, c’est l’histoire d’un prince qui, à cause de sa méchanceté, se voit jeter un sort et transformer en bête effrayante par une fée. Et depuis ce jour, tous ceux qui sont sous son autorité sont aussi sous le coup du sort. Sa gouvernante est transformée en théière ; ses valets en tasse ; son chien en chevet. Même son château et son domaine perdent de leur éclat et de leur beauté. Et ce sort, le prince n’en sera délivré que quand il pourra aimer. Alors, depuis, tous attendent avec impatience le jour où le prince rencontrera la femme qui réveillera son cœur et qui le délivrera du sort, parce que le jour de la délivrance du prince sera aussi le jour de la délivrance de tous ses sujets.

Et bien pour nous et la création, c’est pareil. C’est quand Dieu nous libérera du péché et de la souffrance qu’il libérera aussi toute la création, qu’elle pourra enfin devenir ce lieu très bon où  les enfants de Dieu vivront avec leur Dieu. Sans péché. Sans souffrance.

Mais ce jour, il n’est pas encore là.

V. 22 : « Or nous savons que jusqu’à maintenant, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'accouchement.  Et ce n’est pas elle seulement qui soupire, mais nous aussi, qui avons pourtant dans l’Esprit un avant goût de cet avenir, nous soupirons en nous mêmes en attendant l’adoption, la libération de notre corps.”.

Ce jour, il n’est pas encore là, alors en attendant, tout le monde souffre, tout le monde soupire. La création...et nous aussi !

On n’a pas toutes vécues ce que c’est d’accoucher. Mais pas besoin d’avoir accouché pour comprendre qu’un accouchement, c’est douloureux – la preuve, même Paul peut en parler ! Et pas besoin d’avoir accouché pour comprendre que les douleurs de l’accouchement, aussi horribles qu’elles soient, sont pourtant des douleurs annonciatrices. Elles annoncent que quelque chose de merveilleux est en route: un petit bébé.

Et bien pour Paul, à une échelle infiniment plus grande, c’est pareil avec les souffrances de la création et les nôtres. Aussi douloureuses qu’elles soient, et elles le sont, elles annoncent que quelque chose de merveilleux est en route. Pas un petit bébé, mais une nouvelle terre débarrassée pour toujours de la souffrance et du péché. Ce qu’on appellela nouvelle création. Une terre, mais où il n’y aura plus tremblements de terre en Haïti, plus d’ouragans Katrina, plus d’épidémie du SIDA … plus de cancer. Une terre dans laquelle nous, les enfants de Dieu, on pourra enfin vivre en paix. 

Pensez à toutes ces nouvelles que vous lisez chaque jour sur votre fil d’actualité: elles sont déprimantes. Accablantes. Parfois même révoltantes. Mais puisqu’elles sont les douleurs de l’accouchement, elles sont aussi annonciatrices. Annonciatrices que quelque chose de merveilleux est en route: notre avenir glorieux dans une nouvelle création guérie.

Alors la souffrance, même pour nous qui sommes chrétiennes, ça reste la souffrance. C’est douloureux. Révoltant. Parfois tragique. Mais puisque nos souffrances sont les douleurs de l’accouchement, alors combien grande et merveilleuse doit être la gloire à venir! 

Est-ce que vous avez déjà entendu une femme qui venait d’accoucher, son nouveau né blotti dans les bras, vous dire: « Tout ça pour ça ?! » ?Même si l’accouchement a duré plusieurs jours, même s’il s’est déroulé sans péridurale, même s’il s’est passé accidentellement à la maison, à l’arrière d’une voiture ou dans une cage d’escalier, la joie d’une vie nouvelle est toujours incomparablement plus grande que toutes les souffrances subies pendant l’accouchement.

Même les pires.

Paul ne minimise pas notre souffrance. Il ne dit pas que ce n’est pas si grave, que ce n’est pas si dur. Qu’il suffit de serrer les dents. Il dit qu’en tant qu’enfants de Dieu, notre souffrance prend un nouveau sens. Il dit qu’en tant qu’enfants de Dieu, on a une espérance dans la souffrance: celle que la gloire qui nous attend sera toujours incomparablement plus grande. La conviction de Paul, c’est qu’un jour, on sera un peu comme ces mamans qui viennent d’accoucher et qui tiennent leur nouveau né dans leurs bras… la question de si ça valait le coup ne se posera même plus!

Un avenir qui vaut le coup…et puis: 

 

2. Un avenir qui vaut l’attente

 

Mon mari a un ami qui adore l’Afrique du Sud. Il y a passé un peu de temps et il pense qu’il fait meilleur vivre là-bas qu’à Londres où il habite. Il a eu un avant-goût de la vie dans ce pays-là et donc il veut s’y installer un jour. Mais en attendant c’est un peu dur. Chaque fois qu’il pleut ou qu’il fait froid chez lui (et c’est souvent le cas !), ça lui rappelle qu’en Afrique du Sud, il fait toujours beau, il fait toujours chaud. Ca lui donne envie d’y être déjà… Alors il vit son quotidien, mais dans l’attente. Il vit son quotidien, mais il soupire. Il soupire après ce jour où il pourra y retourner en voyage. Il soupire après ce jour où il pourra peut-être s’y installer.

On l’a vu: par son Esprit, Dieu nous a donné un avant-goût de la gloire à venir. Il ne nous a pas encore complètement guéries du péché, mais il nous a déjà acquittées, libérées, et il nous a marquées comme ses filles et comme cohéritières de Christ.  Pourtant, notre Père et notre Frère, on ne les voit pas encore. Notre héritage, la gloire, on ne l’a pas encore. Alors en attendant, c’est dur. En attendant, comme la création, ou soupire.

v.23-25: “ Et ce n’est pas elle seulement qui soupire, mais nous aussi, qui avons pourtant dans l’Esprit un avant goût de cet avenir, nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la libération de notre corps”.

On soupire parce que c’est dur ! Mais on soupire aussi parce qu’il nous tarde de vivre ce jour où nous, les filles adoptives de Dieu, on verra notre Père et notre frère. Ce jour où on recevra notre héritage. Ce jour où Dieu ne libérera pas seulement nos cœurs du péché, mais aussi nos corps. 

Mais entre temps, comme l’ami de mon mari, on vit dans l’attente, et comme lui, on soupire. On soupire parce que le présent est dur; mais on soupire aussi parce que l’avenir est glorieux, et on voudrait déjà y être ! Nos soupirs, ils sont à la fois positifs et négatifs… ils disent la souffrance, mais aussi l’espérance.

Voici comment John Piper, un pasteur américain, nous aide à comprendre cette réalité: si vous allez à l’hôpital, des soupirs, vous en entendrez beaucoup. Dans le service de cancérologie, vous entendrez des soupirs. Dans le service de maternité, vous entendrez aussi des soupirs. Les mêmes types de gémissements ! Les mêmes types de soupirs ! Mais qui ont pourtant des significations opposées. Les soupirs du service de cancérologie ne sont pas annonciateurs de bonnes choses. Les soupirs du service maternité, au contraire, annoncent que quelque chose de merveilleux est en route.

Et bien les soupirs de la vie chrétienne, ils sont les mêmes que ceux qu’on entend au service maternité. Ils disent que c’est dur, mais ils disent aussi que quelque chose de merveilleux est en chemin: la gloire que Dieu réserve à ses enfants.

À en croire certains prédicateurs, du moment que vous devenez chrétiens, vous pouvez vous attendre à voir tous vos problèmes être réglés. Ca va des problèmes de couples en passant par les problèmes financiers jusqu’aux problèmes de santé. Croyez en Jésus, et tout changera pour vous ! Croyez en Jésus, et vous vivrez une vie de victoire, allant de gloire en gloire !  

Le problème, c’est que quand Dieu n’agit pas comme ils le disent … il n’y a que deux options. C’est soit que Dieu n’est pas à la hauteur, ou soit que je ne suis pas à la hauteur. Que je manque de foi. Et ce genre de discours, ça peut faire des dégâts. J’ai une amie et sœur en Christ qu’on avait convaincue que Dieu guérirait sa mère du cancer. Il ne l’a pas fait, alors, elle s’est détournée de lui.

Paul n’est pas comme ces prédicateurs. Il ne nous cache rien. Oui on est en marche vers la gloire, mais on n’y est pas encore. Alors cette vie, même avec Dieu, c’est une vie d’attente. C’est une vie de soupirs.

Oui Dieu peut guérir. Il peut intervenir miraculeusement, et c’est merveilleux de voir comment il le fait parfois. Mais il ne le fait pas toujours. Et s’il ne le fait, pas, ce n’est pas parce qu’il ne le peut pas ou qu’il est infidèle à ses promesses. C’est parce que sa promesse de libération totale et définitive de la souffrance, elle concerne encore l’avenir ! 

V.24 “En effet, c’est EN ESPÉRANCE que nous avons été sauvés.
Or l’espérance qu’on voit n’est plus de l’espérance : ce que l’on voit, peut-on l’espérer encore ?  Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance
”.

Si nous espérons ce que nous voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. Le signe distinctif du chrétien, ce n’est pas qu’il ne passe pas par la souffrance. C’est que dans la souffrance, il a une espérance: celle d’un avenir glorieux. 

 


3. Un avenir glorieux garanti même dans la faiblesse

 

Peut-être qu’en entendant Paul parler d’attente persévérante, d’avenir glorieux, d’espérance dans la souffrance vous vous dites: "C’est FACILE de dire tout ça. C’est beau. Mais c’est beaucoup moins facile de le vivre." 

La souffrance, quand elle nous frappe, elle nous met souvent à terre sans nous permettre de dire quoi que ce soit, sans nous permettre de réagir. 

Après seulement quatre années d’un mariage heureux, l’écrivain C.S Lewis – auteur, entre autres, des Chroniques de Narnia, perd sa femme. Et dans un livre, “Apprendre la mort”, il livre les réactions qui ont été les siennes juste après sa perte. Il parle d’un sentiment d’abrutissement, d’irréalité; du noir, du brouillard. De ce sentiment bizarre d’être devenu spectateur de sa vie. De ne plus arriver à s’investir dans les choses, de ne plus arriver à penser. Dans ces moments, j’imagine qu’espérer dans sa souffrance, soupirer après son espérance, il était loin de pouvoir le faire. Et il n’est pas le premier à avoir du mal à regarder vers l’avenir.

Dans la Bible, il y a l’histoire d’un peuple qui, comme nous, est en marche vers la terre promise. En marche vers la gloire, mais à une échelle beaucoup plus petite que la nôtre. C’est le peuple d’Israël. Israël n’avait rien à lui, mais Dieu l’avait choisi pour lui appartenir. Il l’avait libéré de l’esclavage en Egypte et l’amenait désormais vers Canaan, ce pays qu’il lui avait promis, ce pays où coulaient le lait et le miel. Mais comme pour nous, la route jusqu’au pays promis est difficile. C’était une route à travers le désert. Les Israélites ont chaud. Ils ont mal aux pieds. Parfois, il n’arrivent plus à avancer. Parfois, il leur arrive même de ne plus vouloir avancer! 

Alors ils gémissent. Ils se révoltent. Être en marche vers le pays promis ? Ils n’en n’ont rien à faire ! Ils sont fatigués de ne pas voir ce pays, fatigués d’espérer un jour l’atteindre. Ils commencent même à idéaliser leur passé, à dire qu’ils donneraient tout pour retourner en Egypte, même si c’est pour y revivre l’esclavage. Ils préfèreraient TOUT, tout à cette vie d’attente, à cette vie où ils sont obligés de marcher par la foi, et non par la vue.

Peut-être qu’aujourd'hui, vous êtes dans la même situation. Vous entendre dire que vous êtes en marche vers un avenir glorieux, ça vous passe par-dessus la tête – peut-être même que ça vous révolte. Vous n’avez pas envie d’espérer ! Vous n’avez pas envie de soupirer ! Que l’avenir soit glorieux, qu’il soit lumineux, vous vous en fichez. Ce que vous voulez, c’est que les choses changent pour vous ici et maintenant, que vos plaies soient pansées, que votre souffrance soit apaisée.

Dans ces cas-là, qu’est-ce qui se passe ?

Quand on n’arrive pas à espérer parce que la souffrance nous à mis à terre ou parce-qu’elle nous révolte, notre billet pour la nouvelle création, est-ce qu’il est remis en question ? La promesse merveilleuse à la fin de ce passage, c’est que NON. 

NON, notre billet pour la nouvelle création ne sera jamais remis en question. Parce que notre avenir glorieux, Dieu nous le garantit même quand nous sommes faibles.

V.26: « De même l’Esprit aussi nous vient en aide dans notre faiblesse ».

Oui, en tant que chrétiennes, on devrait vivre cette vie les regards fixés sur la gloire à venir, mais c’est difficile. C’est difficile parce que nous sommes FAIBLES. Faibles à cause de notre souffrance, mais aussi faibles à cause de notre péché.  C’est ça que signifie la notion de faiblesse dans la lettre aux Romains. Quand Paul l’emploie au chapitre 5 de sa lettre, c’est pour parler de notre péché. Notre péché qui nous fait nous rebeller contre Dieu et ses projets, qui nous fait lui dire qu’on s’en fiche de son avenir glorieux. Que tout ce qu’on veut, c’est que les choses changentici et maintenant. Mais dans cette faiblesse, Paul nous dit que l’Esprit nous vient en aide.

Comment ?

Dans le désert, c’est par une colonne de fumée la journée et une colonne de feu la nuit que Dieu avait guidé son peuple jusqu’à la Terre Promise. Mais nous, nous avons quelque chose de bien mieux encore ! Nous, c’est par son Esprit que Dieu va nous conduire jusqu’à la destination “gloire”. Qu’il va nous y guider, mais pas seulement. Qu’il va aller jusqu’à nous porter quand on n’arrive plus à avancer. Qu’il va soupirer pour nous après la nouvelle création quand on n’arrive pas à le faire.

v.26 “En effet, nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, mais l’Esprit lui même intercède pour nous par des soupirs que les mots ne peuvent exprimer. Et Dieu qui examine les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est en accord avec lui qu’il intercède en faveur des saints”.

Comme l’a décrit C.S Lewis, la souffrance nous subjugue parfois. Elle nous tétanise, nous laisse bouche bée. Incapables de prier, de crier à Dieu. D’espérer. Incapables de savoir quoi demander. À terre. Mais la promesse merveilleuse de ces versets, c’est que dans ces moments-là, DIEU lui-même prend le relais par l’Esprit qu’il a mis dans nos cœurs. Son Esprit qui prie pour nous en accord avec Dieu, comme Paul le précise dans le verset 27. En accord avec sa pensée, en accord avec ses projets. Selon son plan de nous amener jusqu’à la destination “Avenir glorieux”!

Et le résultat, c’est que quand Dieu le Juge examine nos cœurs et nos pensées cachées… qu’est-ce qu’il voit ? Pas notre absence de prière. Pas notre amertume. Pas notre révolte. Pas notre manque d’espérance. Il voit les soupirs d’espérance de l’Esprit en notre faveur. L’Esprit en train de faire ce qu'on devrait faire mais qu’on n’arrive pas à faire: prier les regards fixés sur la destination “gloire”.

Aujourd’hui, on a toutes une histoire avec la souffrance. Mais parce qu’on est filles de Dieu, la souffrance prend pour nous un nouveau sens. Et parce que nous sommes filles de Dieu, dans la souffrance, on a une espérance: celle que la gloire qui nous attend sera tellement plus grande que notre souffrance que ça vaut le coup de patienter. Que ça vaut le coup de continuer à marcher, d’espérer, de soupirer.

Alors quand c’est dur, souvenons-nous: puisque ce qu’on vit, ce sont les douleurs de l’accouchement, un jour, on sera comme une maman qui tient son enfant dans ses bras.

La question de si ça valait le coup ne se posera même plus! 

Je vous invite à prier.